La maladie est-elle seulement une affaire de virus, de bactéries et de cellules défaillantes ? La médecine est-elle une science pure, totalement détachée des enjeux sociaux ? Aujourd'hui, ces questions semblent évidentes, mais il fut un temps où le simple fait de les poser était une révolution.
Cette révolution, en France, porte un nom : Claudine Herzlich. Son ouvrage fondateur, "Médecine, maladie et société", publié en 1970, est bien plus qu'un simple recueil de textes. C'est le livre qui a ouvert une brèche, qui a forcé le monde médical et les sciences sociales à se parler, changeant à jamais notre manière de penser la santé.
L'Idée Générale : La Maladie n'est pas qu'un Fait Biologique, C'est un Fait Social Total
Le projet de Claudine Herzlich, comme le décrit si bien le résumé, était de présenter pour la première fois au public francophone un courant de recherche alors en plein essor aux États-Unis : la sociologie médicale (ou psychosociologie médicale).
L'idée centrale de ce courant est simple mais radicale : la maladie, le malade et la médecine sont des objets sociaux. On ne peut pas les comprendre en se contentant de regarder dans un microscope. Il faut les analyser avec les outils de la sociologie et de la psychologie sociale.
Ce livre pionnier explore les thèmes qui deviendront les grands chantiers de la sociologie de la santé :
L'expérience d'être malade : Comment la société définit-elle ce qu'est un "malade" ? Quel est le "rôle" social du malade ?
La relation médecin-patient : Loin d'être une simple relation technique, c'est une interaction sociale complexe, marquée par des rapports de pouvoir, des attentes et des non-dits.
L'hôpital comme organisation sociale : L'hôpital n'est pas un lieu neutre, c'est une institution avec ses propres règles, ses hiérarchies, ses conflits et ses rituels.
Les professions de santé : Comment se construit l'identité professionnelle des médecins, des infirmières ?
En présentant ces textes, Herzlich ne prétend pas faire une étude exhaustive, mais elle trace un chemin. Elle montre qu'il est impossible de penser la santé sans prendre en compte, comme elle le suggère, l'anthropologie, l'histoire ou l'épidémiologie sociale.
Pourquoi ce livre est-il toujours un monument ?
C'est une œuvre fondatrice : Il a littéralement "introduit" la sociologie de la santé en France. Tous les travaux ultérieurs sont, d'une manière ou d'une autre, ses héritiers.
Il a ouvert un dialogue interdisciplinaire : C'est un pont jeté entre la médecine, la psychologie et la sociologie. Il s'adresse à tous ceux qui sont intéressés par les liens entre ces disciplines.
Il reste d'une pertinence incroyable : Les questions posées en 1970 sur la relation de soin, la définition sociale de la santé et de la maladie, ou le rôle des institutions sont encore au cœur de nos débats actuels.
En conclusion, lire "Médecine, maladie et société" aujourd'hui, c'est faire un retour aux sources. C'est comprendre comment a émergé cette idée, devenue si importante, que la santé n'est pas seulement une question de corps, mais aussi une question de société. C'est un texte essentiel pour tous les étudiants, chercheurs et professionnels qui veulent comprendre les fondements de la pensée contemporaine sur la santé.
Titre Exact et Informations sur le Livre
Titre exact : Médecine, maladie et société
Auteure (présentation et commentaires) : Claudine Herzlich
Éditeur : De Gruyter Mouton (dans la première édition, repris ensuite par l'EHESS)
Collection : Textes de Sciences Sociales
Année de publication : 1970
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